Coulibaly

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Des années Houphouët-Boigny à la difficile succession

Des années Houphouët-Boigny à la difficile succession

Félix Houphouët-Boigny (1962)

Dès l’indépendance, les institutions de l’État ivoirien sont définies et organisées par une Constitution77,78. Celle-ci prévoit le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire77. Entre 1960 et 1980, les transformations positives de l’économie ivoirienne sont spectaculaires dans tous les domaines : agricultureindustriecommerce et finances. Elles sont le résultat d’une politique qui fait jouer un rôle éminent à l’État, à l’investissement privé et aux capitauxétrangers. La société ivoirienne connaît au cours de cette période une profonde mutation à travers le relèvement du niveau de vie des habitants, les équipements sanitaires, éducatifs et sociaux, mais également une augmentation de la population avec un taux de croissance annuel moyen de 3,8 %, la faisant varier de 3,7 millions en 1960 à 12,2 millions d’habitants en 1988. Cependant, depuis le milieu des années 1980, l’économie stagne, conséquence de la dégradation des termes de l'échange avec l’extérieur, de l’accroissement des dettes de l’État et d’erreurs de gestion. En octobre 1995Henri Konan Bédié remporte à une écrasante majorité (95,25 % contre 3,75 % ou 4,75 % pour le candidat Francis Wodié)79 contre une opposition fragmentée et désorganisée qui appelle au boycott actif, la première élection présidentielle organisée après le décès de Félix Houphouët-Boigny80. Il resserre son emprise sur la vie politique, obtient assez rapidement une amélioration des perspectives économiques, une diminution de l’inflation et engage des mesures pour réduire la dette extérieure.

Contrairement à Félix Houphouët-Boigny, qui a su avec prudence éviter tout conflit ethnique et a même permis l’accès aux postes de l’Administration publique à certains immigrants venus de pays voisins, Henri Konan Bédié met en exergue le concept de l’ivoirité81. L’ivoirité est définie d’abord comme l’affirmation de la souveraineté et de l’autorité du peuple ivoirien face aux menaces de dépossession et d’assujettissement, notamment dans les domaines de l’immigration ou des pouvoirs économique et politique82. Par la suite, le concept a la réputation d’être destiné à exclure l’opposant Alassane Dramane Ouattara de l’élection présidentielle83,84. La nationalité de ce leader fait ainsi l’objet de vives polémiques et de nombreuses controverses tant au sein de la classe politique que de l’ensemble de la société ivoirienne, une partie de la population lui reconnaissant la nationalité ivoirienne, tandis que l’autre la lui dénie85. La Cour suprême de Côte d’Ivoire n’a pu trancher sur ce sujet86.

Des problèmes de gouvernance sont mis au jour lors de l’exécution de projets financés par l’Union européenne. En outre, différents faits, notamment l’exacerbation des tensions politiques et sociales par la presse, les actes de défiance à l’autorité de l’État posés par des opposants, l’incarcération de plusieurs leaders de l’opposition politique, instaurent un climat délétère qui conduit en décembre 1999 au renversement de Henri Konan Bédié par des soldats mécontents. Ceux-ci placent à la tête de leur groupe le général Robert Guéï qui devient par ce fait, chef de l’État de Côte d’Ivoire. Henri Konan Bédié s’exile en France87.



27/03/2012
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